Paris : Belleville, devenue «cour des miracles», veut des actions ciblées sur la propreté

Vous trouverez ci-après l’article du journal Le Parisien à paraître le 13 novembre 2019, dans lequel notre Collectif s’exprime sur le bilan en matière de propreté dans le quartier et propose des pistes d’amélioration pour les prochaines élections.

Encombrants, marchés sauvages, tags et effluves d’urine : les habitants du populaire quartier de Belleville (XIe et XXe) se désespèrent des incivilités.

 Les déchets s’accumulent impasse Questre (Paris, XIe).
Les déchets s’accumulent impasse Questre (Paris, XIe).  LP/C.B.

Par Cécile Beaulieu Le 12 novembre 2019 à 12h56

Ici un matelas abandonné contre un mur, là un canapé souillé, l’assise couverte de déchets. Des poubelles débordantes, des vêtements en tas, des tags et aussi… des bidets cassés emplis d’ordures.

Aux confins des XI e et XX e arrondissements de Paris, le quartier populaire de Belleville, en voie de gentrification dans certains secteurs, coche à peu près tous les problèmes liés à la propreté.

Palettes et étalages de commerçants sur les trottoirs

Dense, ponctué de ruelles, d’impasses propices aux dépôts sauvages d’objets en tous genres, Belleville, cher au cœur de ses habitants, n’en excède pas moins nombre d’entre eux, qui souhaiteraient pouvoir profiter plus paisiblement d’un espace public souvent confisqué.

Ici, l’étroitesse des appartements pousse leurs occupants à vivre ou manger à l’extérieur, en jetant leurs déchets sur les trottoirs. Les très nombreux et modestes petits commerces de quartier, eux-mêmes exigus, contraignent leurs gérants à entreposer sur les trottoirs palettes et étalages.

Rue du Moulin-Joly (Paris, XIe).LP/C.B
Rue du Moulin-Joly (Paris, XIe).LP/C.B  

Sur le terre-plein du boulevard de Belleville (XI e et XX e ), un jeudi par mois, s’installe le food-market, de 18 heures à 22 heures. Un marché-cantine, certes convivial, mais qui présente un inconvénient majeur, selon un animateur du collectif pour l’amélioration du quartier Belleville-Saint-Maur : « Les restaurateurs emballent correctement les déchets dans des sacs-poubelles… Mais les services de la propreté ne les évacuent pas, et le lendemain, les forains du marché du vendredi les déposent devant les portes des habitants avant d’installer leurs étals! »

L’un des plus vastes marchés alimentaires de Paris

Car, sur le même boulevard, se tient deux fois par semaine l’un des plus vastes marchés alimentaires de la capitale. Au cœur, lui aussi, de toutes les polémiques. « C’est la cour des miracles après le départ des commerçants, s’insurge une riveraine. Sans parler du marché de la misère, non officiel celui-ci, qui s’installe également sur le terre-plein : après leur départ, les biffins laissent des montagnes de déchets. Des vêtements, des objets cassés, des cartons des papiers… Les habitants de ces quartiers populaires ont l’impression d’être des laissés pour compte. »

Frédérique Calandra, la maire (ex-PS) depuis 2008 du XX e arrondissement, qui a annoncé son ralliement au candidat LREM Benjamin Griveaux pour les municipales de mars 2020, assure pourtant n’avoir pas ménagé ses efforts. « Cela fait 11 ans que je lutte avec la police, les habitants, contre la dérégulation de l’espace public. Avec des résultats, notamment porte de Montreuil, où une recyclerie a été créée. Mais il est vrai qu’il faudrait peut-être revoir également le système de collecte et de balayage. Infliger aussi plus de contraventions. »

Boulevard de Belleville (Paris, XXe).LP/C.B
Boulevard de Belleville (Paris, XXe).LP/C.B  

« Les personnes qui vendent sur ces marchés de la misère ne sont pas les biffins, qui, eux, savaient trier dans les poubelles, les objets qui les intéressaient et laissaient l’espace public propre, assure Frédérique Calandra. Ce sont des sauvettes. Certes en très grande précarité, mais nombre d’entre eux pillent sauvagement les bennes de collecte de vêtements et de chaussures, vendent des denrées alimentaires dont on ne sait d’où elles proviennent et abandonnent des tonnes de déchets sur les trottoirs. »

Des propositions soumises aux candidats

Dans la perspective des municipales, le collectif Belleville-Saint-Maur, très actif dans le quartier, s’est fendu d’un programme qui sera soumis aux candidats. Cœur de cible : la propreté, avec un maître mot : communiquer publiquement sur l’état du quartier dont, affirme le collectif, 80% des habitants interrogés dénoncent la saleté « avec un fort sentiment de délaissement et de déclassement ».

Parmi les propositions : des actions ciblées sur les commerces du boulevard de Belleville, des rues Saint-Maur, Jean-Pierre Timbaud et du Faubourg-du-Temple, sur les dépôts de cartons et emballages alimentaires, les jets de mégots et de canettes devant les établissements. Avec des visites régulières des services de la Ville et des verbalisations.

Pourquoi pas, également, une exposition sur la propreté dans les artères les plus passantes du quartier, où seraient précisés le coût des incivilités et les volumes de déchets. Chaque année, enfin, serait réalisé un bilan de l’évolution de la propreté en réunion plénière du conseil de quartier…

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