Lors de la réunion plénière du conseil de quartier Belleville Saint-Maur du 1er décembre 2015, le Parti socialiste du 11e arrondissement s’est opposé – avec succès – à la création d’une plate-forme internet commune aux Conseils de quartier et aux habitants du 11e, sur le modèle du travail mené dans le 13e arrondissement et présenté à l’occasion d’un vœu de la commission Cadre de vie et développement durable.
Cet outil devait permettre, quels que soient l’heure et l’endroit, de faire remonter directement les remarques et les questions des habitants sur les sujets en débat. Il s’agissait par ailleurs d’améliorer l’écoute des citoyens, de favoriser les échanges avec les Conseils de quartier et de répondre à un vrai besoin de communication des Conseils de quartier vers les habitants.
Mathias Priez qui était alors avec Alexis Beauxerois responsable au PS du quartier Belleville Saint-Maur, et par ailleurs animateur de la Commission Solidarité, a notamment avancé pour combattre ce projet de plate-forme que les outils numériques étaient inégalitaires et qu’il existait déjà des réunions plénières de Conseil de quartier, comme lieu de débat et d’information.
La position du PS est surprenante, tant elle est en totale contradiction avec la stratégie conduite par Pauline Veron en matière de démocratie locale et le vœu adopté par le Conseil de Paris qui demande que « les outils numériques adaptés soient développés pour favoriser la participation du plus grand nombre ». C’est également une position à géométrie variable puisque le PS du 11E ne s’est jamais insurgé face à la multiplication des consultations sur Internet par la Mairie de Paris ces derniers mois, qu’il s’agisse du Budget participatif, des Jeux Olympiques ou des commerces de proximité, alors que les enjeux sont il faut bien le dire bien plus importants.
Le contrôle politique des Conseils de quartier dans le 11e arrondissement en question
Alors pourquoi un tel attachement du PS à maintenir un monopole des réunions plénières de Conseils de quartier sur les débats locaux ?
Une explication possible tient sans doute aux « pratiques » suivies en matière démocratie locale dans le 11e arrondissement sous la houlette de François Vauglin et Nawel Houmer.
Si dans certains autres arrondissements, les Conseils de quartier sont composés d’habitants tirés au sort, de manière à garantir leur indépendance et leur représentativité, dans le 11e arrondissement, ces réunions sont ouvertes en théorie à tous, en application du Règlement des Conseils de quartier… mais surtout aux militants politiques.
Qu’on en juge : pour l’occasion de cette réunion, tout le ban et l’arrière banc du PS du 11e arrondissement avait été convoqué, y compris parfois des militants actifs ne résidant pas dans le quartier : outre Mathias PRIEZ et Alexis BEAUXEROIS précités, Tristan LINDEPERG, Caroline RAINGEARD, Michel PUZELAT, Fabien DUQUESNE, Jérôme MEYER du Nation Alexandre Dumas. Philippe WERHUNG, secrétaire de section du 11e honorait également le Conseil de quartier pour la 1ere fois de sa présence.
Il ne s’agit pas seulement de contrôler les votes sur les décisions du Conseil de quartier, c’est également un moyen d’éviter toute forme de contestation de l’action municipale. On relèvera – pour s’en inquiéter- que pour la 1ère fois, aucune question n’a été posée par les habitants du quartier à la municipalité sur son action dans le quartier, en dehors des points inscrits à l’ordre du jour.
Sous le mandat de François Vauglin, la Mairie du 11E paradoxalement à la traîne en matière de transparence.
Si dans le cadre d’une savante répartition des rôles avec ses militants, la Mairie du 11e, par la voix de Nawel Oumer, ne s’est pas opposée à ce projet de plate-forme web pour les Conseils de quartier, elle a en revanche refusé de rendre publics les délibérations et vœux soumis au Conseil du 11e arrondissement, avant comme après leur adoption.
La position du Maire du 11e arrondissement est en complet décalage avec l’évolution des choses et en particulier celle des autres arrondissements. Elle est par exemple contraire à la pratique suivie par exemple par Carine PETIT, la nouvelle Maire du 14e arrondissement, qui met en ligne tous les documents de travail soumis au Conseil d’arrondissement. Même la Mairie du 20e, qui n’est pas réputée pour favoriser la participation citoyenne ces derniers temps, met en ligne les décisions adoptées par son Conseil d’arrondissement. On le voit, le sujet n’est pas un problème partisan mais avant tout, un problème de conception de la démocratie locale et participative.
Là encore, la schizophrénie des élus du 11e en matière de numérique est étonnante, quand on connait la détermination du Maire du 11e à créer « son » musée du Numérique dans le 11E arrondissement.
Et surtout quand on sait que François Vauglin, est lui-même, l’auteur d’un rapport intitulé une politique ambitieuse des données publiques, dans lequel il nous affirmait qu’ « ouvrir l’accès le plus large aux informations publiques, c’est améliorer la transparence de l’État et de ses institutions, éclairer le débat démocratique, et rapprocher la puissance publique des citoyens ».
On ne pouvait effectivement pas mieux dire.
Bonjour,
Merci pour cet article,
Qu’en est-il à présent de la mise en place de ces outils numériques ? Ce projet est-il définitivement abandonné ? Je ne comprends pas que l’argument avancé puisse être l’inégalité puisqu’il ne fait que s’ajouter aux outils déjà existants de séance plénière par exemple ? (Et donc qu’on élargit simplement l’auditoire possible ?)
Pourrait-on parler de l’inégalité pour les personnes qui travaillent en horaires décalés et ne peuvent pas assister à ces réunions plénières ? De l’inégalité de ne pas avoir pris de carte de membre au PS pour avoir une voix dans ces réunions ?
En vous remerciant,
kim, habitante du 11ème