Le Conseil de paris vient de valider une délibération qui prévoit la réalisation, 37 boulevard de Belleville, d’un programme d’acquisition réhabilitation d’un Foyer de Jeunes Travailleurs composé de 19 logements (PLAI c’est à dire du logement très très social pour les plus bas revenus). Cet immeuble avait été préempté en 2015.
On se souvient que le Conseil de quartier avait fait part de ses vives réserves concernant ce projet, rappelant notamment que ce secteur comporte déjà la plus forte concentration en logements sociaux du 11e arrondissement et qu’il est déjà l’un des plus pauvres de Paris. En clair, ce projet était contraire à la mixité sociale.
Par ailleurs l’utilisation par la Mairie du droit de préemption vise normalement à protéger les locataires en place en cas de vente d’un immeuble, pour empêcher leur éviction de leurs logements par le nouveau propriétaire. Or, ici tous les locataires, à l’exception des commerçants, ont été expulsés de leurs logements pour être prochainement remplacés par des travailleurs précaires. C’est dire si on est ici dans la pure idéologie et très éloigné de l’intérêt des habitants du quartier.
Adrien Tiberti adjoint (communiste) au maire du 11e explique sur twitter qu’il s’agissait aussi de lutter contre la prostitution qui sévissait dans l’immeuble. Cette explication est étonnante parce que chacun sait que ce n’est pas sur le boulevard de Belleville, mais à l’intérieur du quartier, que se concentrent les appartements qui servent de lieu de « consommation ».
En outre, lutter contre la prostitution peut se concevoir quand il s’agit de rendre la tranquillité aux locataires d’un immeuble dérangés par cette activité, mais ici ils ont été expulsés ! Enfin chacun peut constater que la prostitution sur la voie publique ne s’est jamais aussi bien portée sur les rues Faubourg du Temple et de la Présentation, sans que la Mairie du 11e ne fasse quoi que ce soit pour y mettre un terme.
Cette décision est donc plus que contestable. Mais cela aurait pu être encore pire.
François Vauglin, maire du 11e arrondissement, joue à la roulette russe avec le vivre-ensemble dans notre quartier.
Le projet prévoyait initialement la disparition complète des deux commerces, occupant le rez-de-chaussée : le café-brasserie et la boucherie. Le Bailleur leur avait d’ailleurs signifié congé en 2016.
Le maire du 11e arrondissement et le bailleur social viennent d’être contraints d’y renoncer, en raison du coût élevé que représenterait l’indemnisation d’un tel café, lequel ne pourra donc plus être expulsé.
Si nous ne pouvons qu’être soulagés par ce recul du Maire du 11e arrondissement, comment ne pas être objectivement inquiets des conséquences qu’aurait eu une telle décision ?
Ce café-brasserie « Le Métro », tenu depuis plus de 7 ans par le très sympathique Idir, beaucoup d’entre nous le fréquentent. Il s’agit du dernier café populaire du boulevard de Belleville, côté 11e. C’est également le dernier établissement de restauration non communautaire de cette partie du boulevard, où l’on peut encore croiser des habitants de toutes origines, de tous âges et de toute condition sociale.
Sa fonction sociale est essentielle. C’est en effet un lieu de halte bienvenue pour les forains du marché de Belleville et leurs clients les jours de marché. Il n’y a d’ailleurs plus d’autres lieux, sur ce côté du boulevard, où prendre un café ou une bière au comptoir. Ils ont tous été remplacés par des établissements communautaires. C’est d’ailleurs un paradoxe, alors que la population du quartier, comme le 11e arrondissement, perd des étrangers et des immigrés. Nous avions eu l’occasion de nous inquiéter de cette fracture commerciale et sociale de notre quartier et en particulier sur le boulevard de Belleville.
Certes, il existe encore quelques bars PMU ailleurs dans le quartier. Ils ont toutefois en commun d’être très largement fréquentés par des fumeurs de drogue et de poser, pour certains d’entre-eux, de sérieux problèmes de voisinage. Difficile de parler en ce qui les concerne de lieu de vie.
Cet exemple illustre une fois de plus s’il en était besoin, que l’actuel Maire du 11e arrondissement, comme d’ailleurs son prédécesseur Patrick Bloche, est porteur d’une politique de segmentation sociale et culturelle de l’arrondissement et de notre quartier, où les gens, qui déjà ne se parlaient pas beaucoup, ne se rencontrent plus, avec les effets délétères que cela entraîne pour le vivre ensemble.
Si mettre fin à une activité prostitutionnelle et fermer un café qui sert de l’alcool ne pouvait que faire plaisir à l’Imam de la mosquée voisine (située au n°39), ainsi qu’à ses fidèles, cela aurait créé un précédent très dommageable pour le quartier et ses habitants.
Vous pouvez télécharger la délibération du Conseil de paris en cliquant ici.