La Mairie de Paris a délivré (tacitement) un permis de construire pour un hôtel de 6 étages, au 112-114 rue Oberkampf, comprenant 31 chambres et un restaurant. La toiture devrait être végétalisée et être aménagée en terrasse. Ce projet impliquera la démolition totale de deux maisons, d’un étage datant du XIXe siècle et caractéristiques de l’architecture faubourgienne.
L’hôtel sera construit à l’emplacement d’un ancien café “Le Moderne”, devenu ultérieurement un cinéma (le Cithéa), puis une salle de Concert. Si la Commission du Vieux paris ne s’est pas opposée au projet, elle l’a néanmoins critiqué, jugeant regrettable ce type de projet dans notre quartier. Elle relevait également que notamment dans ses parties hautes, le nouveau bâtiment s’intègrerait mal dans le paysage crée par les immeubles voisins. Elle avait d’ailleurs demandé que le projet respect le principe d’un étage en retiré, à l’image de l’immeuble voisin.
Un projet d’hôtel qui est critiquable à plusieurs égards
On peut tout d’abord s’étonner que, dans un secteur situé dans une zone en déficit en logement social, la Mairie du 11e n’ait pas fait usage de son droit de préemption urbain. Cet ilot (IRIS) ne compte en effet moins de 2% de logement sociaux et les catégories populaires y sont largement absentes. Le revenu médian atteint 24.662 € (soit 5.400€ de plus que la moyenne nationale). La dernière occasion d’introduire de la mixité sociale dans ce secteur a donc été manquée.
Au-delà de la défiguration de la rue Oberkampf, ce projet d’hôtel constitue également un vraie claque pour les familles en attente de logement, alors que leur nombre est anormalement bas dans le quartier et notamment dans cet îlot (2 fois moins de familles, qu’en moyenne en France). Il constitue en outre une occasion manquée de “résidentialiser” ce secteur Oberkampf, qui est déjà saturé de bars et restaurants.
La création d’un hôtel-restaurant à cet endroit est en outre difficilement compatible avec l’objectif de lutte contre les nuisances liées aux bars et la mono activité, affiché par la Mairie, puisqu’il revient à “livrer” directement de nouveaux consommateurs-touristes au tiroir-caisse des débits de boissons installés dans les rues Oberkampf et Saint-Maur.
Ce n’est d’ailleurs pas la 1ere fois. On se souviendra notamment du soutien affiché par les élus du 11e arrondissement à la création il y a quelques semaines d’une auberge de jeunesse “Les Piaules” et de son bar, qui vient là encore conforter la vocation “festive” du quartier. Vocation sur laquelle les riverains ne sont absolument pas d’accord.
Une politique d’implantation massive de résidences étudiantes dans le secteur qui permet de contourner la loi SRU
Dans la même veine, une nouvelle résidence universitaire sera installée à proximité rue Oberkampf témoignant là encore des orientations de la Mairie du 11e, qui crée pour la 3è fois une résidence dans notre quartier, alors qu’un équipement public était attendu. De fait, le Grand Belleville connaît une très forte concentration de résidences étudiantes toutes récentes, alors qu’autour c’est le désert.
Alors pourquoi une telle passion pour la construction de logements étudiants alors que tant de familles du quartier attendent un logement ? L’explication est donnée par le Délégué général de la fondation Abbé Pierre dans le journal Le Monde : ces résidences étudiantes sont comptabilisées dans le quota de logements sociaux prévus par la Loi SRU. Cela permet donc à la Mairie de Paris de faire du chiffre à peu de frais. Lire l’article.
Pendant ce temps là, autour du métro Couronnes, c’est la concentration de la précarité qui prévaut.
L’inaction de la Mairie sur le dossier de l’Hôtel, qui peut s’expliquer par des raisons financières, techniques ou encore la crainte de la réaction des riverains, contraste avec son activisme sur le secteur Couronnes (Bd de Belleville/ haut de la rue Jean-Pierre Timbaud) où elle a eu la main très lourde, en matière de logement social.
On pensera notamment au 37 boulevard de Belleville qu’elle veut transformer en logements sociaux, alors que les données sociales dans ce secteur sont déjà catastrophiques (Le revenu médian est y est l’un des plus faible de Paris (12.000 €).
Contre toute logique de mixité, le choix a été fait d’installer à cette adresse de 24 logements, une résidence sociale pour les personnes connaissant une situation d’exclusion lourde. Nous avions d’ailleurs déjà alerté la Mairie sur les risques de concentration de la pauvreté induits par sa politique du logement social à Belleville.
Ce choix du secteur de Couronnes est d’autant plus étonnant que le quartier Belleville Saint-Maur connait déjà une forte une concentration d’infrastructures destinées aux plus fragiles et de foyers pour travailleurs migrants, ce qui n’est toujours pas le cas ailleurs dans le 11e arrondissement, comme le montre les cartes ci-après :
En conclusion, on regrettera que le rééquilibrage de la politique de logement social promis par la Mairie ne soit pas au rendez-vous dans le 11e arrondissement.
Dans la pratique, cette politique semble aux antipodes de la position des Maires de banlieue et du Gouvernement, qui s’efforcent au contraire de limiter la concentration de la misère dans les quartiers de la politique de la ville d”une part et de promouvoir la mixité dans les secteurs les plus gentrifiés, d’autre part.
Bonjour,
Avez vous des nouvelles de ce projet?
Nous sommes riverain/voisin et nous inquiétons des nuisances sonores que pourraient causer un hotel…
Il aurair mieux valu construire des logements sociaux, comme vous l’indiquiez, pour les raisons évoquées…
Que pouvons nous faire?
Merci.
Clément
Bonjour. A notre connaissance le permis de construire a été refusé. Nous allons nous renseigner sur la suite.