En pleine crise du COVID-19, Anne Hidalgo décide d’accélérer la densification du quartier de Ménilmontant et de préempter l’hôtel “Les Chansonniers”

C’est souvent dans ces périodes où les gens regardent ailleurs, comme lors de cette crise sanitaire, qu’il faut au contraire avoir les yeux et les oreilles grands ouverts. C’est aussi souvent à la veille des élections, où contre tout usage républicain, certains maires, dont la nôtre, sont tentés de passer en force et d’engager les finances de la ville pour rendre leur projet irréversible, quel que soit le résultat des élections.

Cette année n’a pas dérogé à la tradition.

C’est ainsi que la Maire de Paris a décidé le 20 février dernier de préempter l’hôtel “Les Chansonniers”, 113 boulevard de Ménilmontant et qu’elle vient de faire voter en Conseil de Paris le 18 mai dernier sa décision de le confier au bailleur social la RIVP pour le transformer en un ensemble de logements sociaux.

L’hôtel “Les Chansonniers” va bientôt disparaître

Le coût de cette opération apparait exorbitant au regard du faible nombre de logements créés (22 chambres pour étudiants) : 12M€ au total (5,3 M€ payés par la ville pour les murs, auxquels s’ajoutent 4M€ pour évincer le commerce et 2,6M€ de travaux payés par le bailleur).

C’est également une gifle pour les locataires des logements sociaux du quartier, dont certains en grande précarité,  et auxquels on a refusé de suspendre le paiement des loyers pendant le confinement, pour préserver la trésorerie des bailleurs sociaux.  

Cette décision contribuera à dégrader les conditions de vie des habitants du quartier

Ainsi, alors que chacun s’accorde à considérer que la  densité urbaine a aggravé les conséquences sanitaires du COVID, cette décision d’Anne HIDALGO et de François VAUGLIN va exercer une pression supplémentaire sur l’espace public et constitue un contre sens historique et écologique dans le quartier le plus dense d’Europe.

Nous le répétons : le problème numéro 1 dans notre quartier ce n’est pas le déficit en logements, c’est le manque d’espace et en particulier d’espaces verts, c’est la malpropreté et les nuisances sonores.

Il y a 20 ans, l’APUR alertait déjà sur la sudensification du quartier notamment à proximité du boulevard de Belleville

Le nombre important de logements est plutôt un problème. Il y a deux fois plus de logements à l’hectare dans notre quartier, qu’en moyenne à Paris. Dès 1999, l’APUR alertait sur le niveau de densité à proximité du boulevard de Belleville qui dépassait les 1.000 habitants à l’hectare (contre 553 à Paris). En dépit de cette situation, la Mairie n’a de cesse de créer des logements, sans que les rues ne soient plus larges ou les équipements plus importants. Nous vivons de plus en plus les uns sur les autres, avec tout ce que cela entraîne de tensions.

Après avoir massacré la place Jean Ferrat, Anne HIDALGO s’attaque à présent à l’esprit et à l’âme du quartier

Dès 2015, le Conseil de quartier s’inquiétait du projet de la Mairie et jugeait paradoxal d’envisager la suppression de cette activité hôtelière familiale, alors que par ailleurs la Mairie conduisait une politique de développement des auberges de jeunesse. On s’étonnera dans ces conditions que sur les 122 quartiers que compte Paris, le seul hôtel de tourisme que la Ville voulait préempter soit situé dans notre quartier !

Par ailleurs avec cette décision, la vie de quartier qui va en prendre un coup. L’hôtel, parfaitement inséré dans le quartier, organisait en effet souvent des concerts ouverts à tous et proposait des boissons à des prix abordables, chose de plus en plus rare dans le quartier.

On regrettera cet hôtel qui participait à l’animation du quartier

Anne HIDALGO a transformé les boulevards de Belleville et de Ménilmontant et leurs abords en « boulevards des foyers » au détriment des familles. Un choix qui n’est pas dénué d’arrières-pensées.    

Comment expliquer que le quartier soit systématiquement ciblé pour ce genre de projet ?

D’abord par la politique du chiffre. Quand la ville de Paris présente son effort de réalisation de logements sociaux pour atteindre les 25% de logements sociaux, une chambre d’étudiant ou en foyer de travailleurs compte autant qu’un appartement de 4 pièces, pour un prix bien moindre. Il suffit de voir les projets passés et à venir pour s’en convaincre :

37 boulevard de Belleville, foyer de jeunes travailleurs : 24 chambres. 57 boulevard de Belleville, foyer de travailleurs migrants : 43 chambres. 77 rue de la Fontaine au roi, foyer de travailleurs migrants : 189 chambres. 88-90 rue de la fontaine au roi, résidence étudiante : 46 chambres. 91-95 rue de la fontaine au roi, résidence étudiante : 62 chambres. 2-4 rue Crespin du Gast, foyer de jeunes travailleurs : 64 chambres

Certains voient également dans cette préférence pour les étudiants, plutôt que pour les familles ou les personnes âgées, des arrière-pensées financières et politiques.

Un étudiant ou un jeune actif est moins utilisateur de services de la ville qu’une famille ou une personne âgée et présente moins de besoins sociaux à la charge de la ville. Il lui coûte donc moins cher. Pas de places en crèche à financer, pas de RSA à verser.

Par ailleurs, un étudiant possède rarement une voiture et roule plutôt à vélo. C’est également un public moins exigeant en termes de propreté et qui adhère très fortement à la politique festive sur l’espace public promue par la Maire de Paris. Tous les étudiants ne votent pas à Paris, loin de là, mais ce qui est certain c’est que c’est chez les jeunes qu’Anne Hidalgo fait ses meilleurs scores.

La Mairie de Paris se comporte en prédateur vis-à-vis de notre quartier      

On s’attendait à ce que notre quartier, qui dispose d’atouts majeurs que sont sa situation relativement centrale et se très bonne desserte en transports en commun, fasse l’objet d’une spéculation immobilière de la part d’opérateurs privés. Il n’en est rien. Aucun programme de promoteur n’a été constaté dans le qaurtier depuis des années, contrairement aux quartiers voisins.

En réalité, si quelqu’un spécule et agit en prédateur sur notre quartier c’est la Mairie de Paris. Elle achète en effet tout ce qu’elle peut acheter, quitte à bouleverser les équilibres démographiques et à tuer l’activité économique, parce que c’est moins cher qu’ailleurs. Tous les locaux d’activités sont transformés en logements sociaux. Elle a ainsi des vues sur l’espace de coworking le Onzième lieu, 91bis rue Jean-Pierre Timbaud qu’elle a fait inscrire sur listes des bâtiments préemptables et va  construire un foyer de 64 chambres logements sur l’emplacement de l’actuelle imprimerie, 2-4 rue Crespin du Gast.  

Or, jamais la Mairie ne rééquilibrera les logements sociaux entre quartiers riches et pauvres du 11e. Elle n’a ainsi créé aucun logement social dans les secteurs de République ou Bastille ou encore Nation, alors qu’elle a créé près d’un millier dans notre quartier depuis 2001.  

Alors jusqu’où Anne hidalgo et François Vauglin, dont la réélection semble assurée, iront-ils dans la surdensification outrancière de notre quartier ?

La réponse est à présent claire : le plus loin possible. Chacun est prévenu.

Le Secteur Ménilmontant Oberkampf, pourtant bien pourvu en logements sociaux, fait l’objet d’un activisme que l’on constate nulle part ailleurs dans le 11e en termes de préemptions

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