Monsieur le Secrétaire de Section,
Lors de la réunion plénière du Conseil de quartier Belleville-Saint-Maur du 29 septembre 2015, mon attention a été appelée par la présence significative de militants du parti socialiste et parfois militants ne résidant pas dans le quartier Belleville-Saint-Maur, comme le responsable du Mouvement Citoyen des Tunisiens en France.
J’ai également été particulièrement choqué par la gravité des accusations portées par le responsable du PS chargé du suivi du Conseil de quartier voisin de Léon Blum-Folie Regnault à l’encontre des membres de notre Conseil de quartier.
A l’occasion de cette réunion, la Commission Tranquillité publique avait en effet soumis au vote des habitants un vœu concernant la sécurité dans le quartier, qui a été qualifié par votre responsable « de texte d’extrême droite américaine », au motif notamment qu’il qualifiait la situation du quartier de « zone de non-droit ».
Si à titre personnel, je ne peux qu’émettre des réserves sur cette appréciation eu égard à son caractère général, il me semble que qualifier, pour ce motif, les conseillers du quartier Belleville Saint-Maur, d’extrémistes de droite, constitue un dérapage inacceptable.
Je rappelle à cet égard que l’extrême droite américaine défend, pour ses éléments les plus radicaux, la suprématie de la population blanche et qu’elle est ouvertement antisémite. Cette insulte a été d’autant plus durement ressentie que nombre d’habitants du quartier de Belleville Saint-Maur sont issus de la diversité et sont les premières victimes des discriminations.
Il me semble en outre qu’il n’est dans l’intérêt de personne de banaliser le qualificatif « d’extrême droite », y compris pour « retourner » une assistance lors d’une réunion, sauf à prendre le risque inconsidéré de devenir inaudible, lorsqu’il s’agira de mobiliser les citoyens devant ce danger.
J’observe au demeurant que, dans son dispositif, le vœu incriminé par vos militants, appelait ni plus ni moins l’exécutif parisien à étendre au quartier Belleville Saint-Maur le projet de déploiement de la vidéoprotection, dont va bénéficier par exemple le quartier de Bastille Popincourt.
Si l’efficacité de ce type d’équipement peut être questionnée, les habitants du quartier me semblent néanmoins parfaitement en droit de demander au Maire du 11e de bénéficier des mêmes prestations que celles mises en œuvre dans d’autres quartiers du 11e arrondissement, sans recevoir en retour des insultes de la part de vos militants.
Par ailleurs, postérieurement à l’adoption de ce vœu par l’assemblée plénière, votre représentant a cru juger utile de prolonger le débat et de tenter, sur le réseau social Twitter, de contester son caractère démocratique, ce qui revient à remettre en cause la légitimité des décisions du Conseil de quartier Belleville Saint-Maur.
Ce procédé est détestable.
Quoique je pense du fond de ce texte, je dois en effet constater qu’il a été parfaitement délibéré par la Commission compétente, ainsi qu’en attestent les comptes-rendus transmis au groupe d’animation. J’observe en outre que le comptage des voix, lors du vote, a été réalisé par un élu affilié à votre parti politique, monsieur Bastien Recher, bien que ce ne soit pas là son rôle. Je relève enfin que l’animation de la réunion plénière et la supervision de l’édition du matériel de communication avait été revendiquée par l’un de vos militants, qui est par ailleurs animateur d’une autre commission (Solidarité) et que cela lui avait été accordé.
Dans ces conditions, il me semble que les modalités d’élaboration et d’adoption de ce texte ne devraient pas faire l’objet de manœuvres visant à le décrédibiliser, quand bien même l’un de vos adversaires politiques aurait tenté de s’en attribuer la paternité.
Dans un contexte où les habitants s’interrogent à la fois sur l’utilité et l’indépendance des Conseils de quartier, les tentatives de « noyautage » des réunions plénières ou de déligitimation des décisions adoptées, lorsqu’elle ne recueillent pas l’agrément de votre formation politique, ne peuvent avoir pour effet que d’inciter les habitants à déserter ces instances de démocratie locale, ce qui constituerait un échec collectif.
Nous aurions en revanche apprécié que les militants du parti socialiste du quartier consacrent une énergie semblable pour participer à la mobilisation citoyenne en faveur de la rénovation du boulevard de Belleville et dont ils ont été, à mon grand regret, totalement absents.
Je vous prie de croire, Monsieur le Secrétaire de Section, en l’assurance de ma respectueuse considération.