Le quartier souffre historiquement d’un problème important de vacance commerciale dans ses rues intérieures. Cela avait conduit la ville a créé la SEMAEST un organisme chargé de préempter les locaux vacants pour y installer des commerces depuis 2004.
En 2016, l’objectif a été élargi à la lutte contre la prolifération des bars, avec l’objectif d’y diversifier les commerces.
Un bilan marqué par l’abandon de notre quartier et l’aggravation des fractures commerciales.
Après 15 ans, il y a dans le quartier deux fois moins de commerces pour 1.000 habitants qu’en moyenne, dans le 11e arrondissement.


La situation de l’artisanat est catastrophique. Il est assez notable par exemple d’observer par exemple que sur les très nombreux lauréats du Concours « Fabriqué à Paris » en 2019, aucun n’est établi dans notre quartier.
La mairie a aggravé la situation en accordant des autorisations visant à transformer des locaux d’activité en logements, intensifiant ainsi la désertification commerciales de nos rues.
Contrairement aux engagements pris par le Maire du 11e arrondissement et la présidente de la SEMAEST aucun local n’a été préempté pour lutter contre la prolifération des bars. Les activités d’hôtellerie et de restauration sont surreprésentées : 27 %, contre 16 % à Paris.

Selon le bilan dressé en 2018 par le Conseil de quartier, le nombre d’acquisitions de locaux par la SEMAEST dans notre quartier est 5 fois inférieur à l’investissement dont elle fait montre dans le quartier Sedaine-Popincourt.
Cette asymétrie dans le traitement des quartiers du 11e arrondissement, qui ne peut qu’accélérer le décrochage de notre quartier vis-à-vis des quartiers, n’est pas admissible.
Nous ne pouvons pas non plus souscrire à la tentation de la SEMAEST de privilégier dans sa politique d’intervention, l’acquisition de locaux présentant les meilleurs potentiels de revente. Il nous semble, au contraire, qu’il faut intervenir sur les situations les plus difficiles, sauf à envisager un renforcement de la partition commerciale du quartier, qui serait intolérable.
Propositions :
La lutte contre le développement des bars passe par des préemptions mais également par une politique cohérente
Nous demandons d’abord que la situation du quartier Belleville Saint-Maur fasse l’objet d’un traitement paritaire avec celle de quartier Sedaine-Popincourt et pour y parvenir, qu’un rattrapage en termes d’acquisitions de locaux soit engagé et opéré sans tarder.
La Mairie de Paris n’est par ailleurs pas démunie de moyens juridiques. Et le droit de préemption ne saurait constituer le seul mode de régulation des débits de boisson dans notre quartier.
La cohérence militerait ainsi pour que le refus de droit d’occupation du domaine public (terrasses) soit plus systématiquement envisagé et opposé pour dissuader l’installation des débits de boisson ou faciliter leur départ, dans les zones les plus concernées par cette problématique.
En effet, nombre de projets d’installation de débits de boisson dans le quartier n’auraient pu voir le jour, s’ils n’avaient fait l’objet d’une de la part des services de la mairie d’une très grande bienveillance.
Par ailleurs, il doit être constaté que la Mairie n’utilise pas ses prérogatives en matière d’urbanisme commercial.
La multiplication des devantures de restaurants et débits de boisson, intégralement escamotables, génère une amplification du bruit à des niveaux sonores insoutenables pour les riverains, en particulier le soir et la nuit, en particulier rue Jean-Pierre Timbaud.
Une réflexion doit également s’ouvrir sur détournement des licences de restauration.
Alors que la loi prévoit que pour les restaurants, la boisson n’est que l’accessoire du repas, celle-ci tend, dans certains restaurants du quartier, à devenir la principale prestation et source de revenus, accompagnée dans le meilleur des cas, par une simple planche de fromages ou de charcuteries. Chacun connait les dérives engendrées par cette pratique, en termes d’ivresse sur la voie publique et de nuisances sonores.
L’expérience récente montre par ailleurs que le développement de brasseries artisanales, de restaurants ou d’auberges de jeunesse, promu par la Mairie, a favorisé le développement des nuisances.
En effet, la multiplication des évènements visant à attraire des publics supplémentaires, l’organisation de soirées musicales dans ces établissements, l’intensité de leur utilisation du domaine public produisent les mêmes effets que les débits de boisson.
La SEMAEST doit donc être mobilisée non seulement pour limiter le nombre des débits de boisson, mais celui également des restaurants, dans les secteurs ou leur développement est le plus problématique.

Les secteurs prioritaires
En termes de densité de débits de boisson et restaurants, la rue Oberkampf est presque à saturation. La priorité parait donc devoir être donnée à l’acquisition des locaux des débits de boisson existants, pour en faire diminuer le nombre. A cet égard, un objectif de 20% en 6 ans paraît raisonnable
S’agissant de rues Jean-Pierre Timbaud et Saint-Maur, il subsiste, un potentiel de développement supplémentaire des débits de boisson, qui appelle une politique volontaire de prévention, qui passe par le repérage de locaux commerciaux qui sont susceptibles d’accueillir cette activité et leur acquisition.
Une attention particulière doit être portée à la rue Edouard Locroy sur laquelle est en train de se créer un véritable corridor de nuisances entre Timbaud et Oberkampf.
Sur ces 4 rues, une réflexion doit également s’ouvrir concernant l’acquisition des locaux commerciaux exigus, propices à l’installation de vendeurs d’alcool ou de produits de restauration rapide, responsables pour une large part des souillures qui affectent ce secteur.
La lutte contre la vacance commerciale
Il est essentiel de ne pas diluer l’intervention de la SEMAEST, mais au contraire de concentrer ses efforts sur le cœur de quartier, qui est dépourvu de commerces, ainsi qu’en atteste les travaux de l’APUR.
Il est suggéré de retenir les rues Moret, de l’Orillon, du Moulin Joly et Morand, dont la situation commerciale est objectivement dégradée, voire quasi-inexistante, avec pour objectif d’y créer des polarités commerciales.
Les expériences récentes montrent que l’acquisition par la SEMAEST d’un unique local isolé dans une rue est particulièrement difficile à louer et ne suffit pas à créer une dynamique commerciale.
Les projets d’acquisition doivent donc impérativement porter sur plusieurs locaux et s’accompagner d’un travail sur la complémentarité des commerces. Un magasin de jeux trouvera ainsi plus facilement sa place à proximité d’une librairie et une crèmerie serait plus pertinente à proximité d’une boucherie ou d’un caviste.
Il conviendra là encore de veiller à la cohérence des choix politiques opérés par la Mairie du 11e arrondissement. Ainsi, la création d’un centre d’Évaluation des Mineurs Isolés Étrangers au 5 rue du Moulin Joly, qui génère le stationnement sur la voie publique de mineurs ou jeunes majeurs migrants souvent agités, en nombre important et la distribution non encadrée de repas sur l’espace public, juste en face d’un local commercial pour lequel la SEMAEST a eu énormément de difficultés à trouver preneur, est incompatible avec le développement commercial de ce secteur, souhaité par les habitants.
Typologie des commerces

La nature des commerces installés par la SEMAEST doit faire l’objet d’une vigilance particulière et répondre aux besoins effectifs des habitants du quartier.
Dans un contexte où l’actuelle mandature a vu se renforcer la fracturation commerciale au sein du quartier, le maintien de commerces accessibles à tous au sud du quartier et la promotion d’une plus grande diversité commerciale et d’une offre de meilleure qualité au nord doit être recherchée.
Nous observons à cet égard que le quartier accuse un retard certain en termes d’offre en produits biologiques et issus des circuits courts, par rapport aux autres quartiers du 11e arrondissement, ce que confirme l’analyse de la BDCOM.
Une attention particulière doit également être portée à la démographie médicale dans le quartier tant pour les médecins généralistes, que pour les spécialistes pour un meilleur service aux habitants dont les besoins sont importants.
Si le quartier apparait particulièrement bien doté en librairies généralistes, il n’en va pas de même des magasins de presse qui ont tous fermé contrairement à la situation qui prévaut à Belleville (20e). Un effort pourrait être envisagé.
La question des salons de thé-chicha est fréquemment évoquée, notamment leur concentration sur la rue Saint-Maur. Toutefois en l’absence de problème avéré et au regard de leur importance pour la socialisation, notamment des jeunes, nous ne proposons pas d’action particulière à ce stade, si ce n’est, en cas de cession, de parer à l’installation d’un débit de boisson.
La situation des populations immigrées doit également appeler une réponse dans un contexte où la quasi-totalité des cafés dits communautaires ont été remplacés par des bars qui leur sont inaccessibles (à l’exception des cafés tabacs/ PMU) et la tendance des bars et brasseries du quartier à refuser de servir des boissons chaudes après 16H.
Les intéressés se voient aujourd’hui privés de lieux de socialisation bon marché où jouer aux cartes et aux dominos. Cette situation est accentuée par la politique de transformation des hôtels de location dits « au mois » en logement social. Aujourd’hui, les mosquées et salles de prière, le Mac Donald et les bancs publics constituent les derniers lieux de socialisation de ces habitants, notamment des Chibanis. La création d’un café associatif au sein du quartier répondrait à cette problématique.
Enfin, nous ne sommes pas opposés à l’installation d’activités « calmes » de services (hors commerce) aux particuliers ou aux entreprises dans le quartier, ainsi qu’au développement d’activité artisanales. Celles-ci doivent toutefois être en priorité ciblées et localisées sur les artères les plus concernées par les nuisances et non sur les rues souffrant déjà d’un déficit d’animation.
Ainsi, l’installation par la SEMAEST de la Fontaine O Livres, rue de Vaucouleurs a permis de mettre fin à la vacance d’un local. Toutefois, Cet établissement étant complètement fermé au quartier, il ne contribue pas à son animation, dans un secteur pourtant déjà sans vie. De la même manière, l’installation par un bailleur social des bureaux du théâtre de Belleville, rue de l’Orillon, répond pas aux attentes et aux besoins des habitants, ni aux enjeux de ce secteur.
Expérimenter une aide à la création ou la conversion de commerces dans le quartier
Il est proposé d’accompagner une évolution nécessaire de ces commerces et locaux commerciaux, par le versement d’une aide à la création ou à la conversion vers des activités plus diversifiées et utiles aux habitants telles que la vente de produits alimentaires biologiques, issus de circuits courts, habillement, équipement de la maison, produits culturels, etc…
Le montant de l’aide à l’investissement sera plafonné à 30.000€ par commerce. La nature des dépenses prise en charge sera très large : travaux de transformation intérieure et extérieure du commerce, mobilier, présentation des produits, hygiène, attractivité, environnement de travail, sécurité, économies d’énergie, tri, recyclage, etc..
L’allocation de l’aide se fera dans le cadre d’un appel à projets.